Page 147 - La Trag

Basic HTML Version

Chapiter 8 — Luther à la diète de Worms
143
le monde, non seulement de son vivant, mais jusqu’à la fin des
temps. Sa fermeté et sa fidélité à l’Ecriture devaient fortifier tous
ceux qui seraient appelés à traverser des circonstances analogues.
La puissance et la majesté de Dieu avaient été exaltées au-dessus
des conseils de l’homme et du pouvoir de Satan.
L’empereur ordonna bientôt à Luther de rentrer chez lui. Le
réformateur savait que sa condamnation suivrait de près cette injonc-
tion. En dépit des sombres nuages qui planaient sur son sentier, il
quitta Worms, le cœur débordant de joie et de louanges. “Le diable
lui-même, disait-il, gardait la citadelle du pape ; mais le Christ y a
fait une large brèche ; et Satan a dû confesser que le Seigneur est
plus puissant que lui.”
Après son départ, afin que sa fermeté ne fût pas prise pour un fol
entêtement, Luther écrivit à l’empereur : “Dieu, qui est le scrutateur
des cœurs, m’est témoin que je suis prêt à obéir avec empressement
à votre Majesté, soit dans la gloire, soit dans l’opprobre, soit par
la vie, soit par la mort, et en n’exceptant absolument rien que la
Parole de Dieu par laquelle l’homme a la vie. Dans les affaires de la
vie présente, ma fidélité vous est assurée ; car ici perdre ou gagner
sont choses indifférentes au salut. Mais quand il s’agit des biens
éternels, Dieu ne veut pas que l’homme se soumette à l’homme. La
[176]
soumission, dans le monde spirituel, est un véritable culte qui ne
doit être rendu qu’au Créateur.”
Sur le chemin du retour, Luther fut accueilli de façon plus flat-
teuse encore qu’à son arrivée à Worms. Des princes de l’Eglise re-
cevaient le moine excommunié ; des magistrats honoraient l’homme
dénoncé par l’empereur. On le pressa de prêcher, et, en dépit de la
défense impériale, il monta de nouveau en chaire. “Je ne me suis
jamais engagé, dit-il, et je ne m’engagerai jamais à enchaîner la
Parole de Dieu
Peu de temps après son départ de Worms, les dignitaires de
l’Eglise obtinrent contre lui un édit de l’empereur. Cet édit traitait
Luther de “Satan en personne sous forme humaine et revêtu d’un
habit de moine”. Dès que le sauf-conduit serait périmé, des mesures
devaient être prises en vue d’enrayer son œuvre. Défense était faite
à toute personne de lui offrir l’hospitalité, de lui donner à manger
1.
Correspondance de Luther 3 :154
, lettre du 14 mai 1521.