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Chapiter 10 — Progrès de la Réforme en Allemagne
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Le contraste entre les disciples de l’Evangile et les partisans des
superstitions romaines n’était pas moins manifeste chez les savants
que parmi le peuple. “En face des vieux soutiens de la hiérarchie,
qui avaient négligé la connaissance des langues et la culture des
lettres (c’est l’un d’eux qui nous l’apprend), se trouvait une jeunesse
généreuse, adonnée à l’étude, approfondissant les Ecritures et se
familiarisant avec les chefs-d’œuvre de l’antiquité. Ces hommes,
doués d’une vive intelligence, à l’âme élevée et au cœur intrépide,
acquirent bientôt de telles connaissances que de longtemps nul ne
put se mesurer avec eux. ... Aussi, quand ces jeunes défenseurs de la
Réforme se rencontraient dans quelque assemblée avec les docteurs
de Rome, ils les attaquaient avec une aisance et une assurance telles
que ces hommes ignorants hésitaient, se troublaient et tombaient aux
yeux de tous dans un juste mépris.”
Voyant leurs auditoires diminuer, les prêtres firent appel aux
magistrats et usèrent de tous les moyens à leur portée pour ramener
leurs ouailles. Mais le peuple avait trouvé dans les enseignements
nouveaux la satisfaction de ses besoins spirituels ; aussi se détournait-
il de ceux qui l’avaient si longtemps nourri des misérables aliments
de la superstition et de la tradition humaines.
Quand les propagateurs de la vérité étaient persécutés, ils sui-
vaient cet ordre du Christ : “Quand on vous persécutera dans une
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ville, fuyez dans une autre
” Ainsi, la lumière pénétrait en tous
lieux, car les fugitifs voyaient toujours s’ouvrir devant eux quelque
porte hospitalière. Durant leur séjour en un endroit, ils prêchaient
Jésus-Christ dans l’église ; et, quand cette faveur leur était refusée,
dans les maisons particulières ou en plein air. Tout lieu où ils pou-
vaient réunir un auditoire devenait un temple. Proclamée avec une
telle énergie, la vérité se répandait avec une irrésistible puissance.
En vain, on faisait appel aux autorités ecclésiastiques et civiles
pour écraser l’hérésie ; en vain, on avait recours à la prison, à la
torture, au feu et à l’épée. Des milliers de croyants scellaient leur
foi de leur sang, néanmoins l’œuvre progressait. La persécution
contribuait à la diffusion de la vérité, et le fanatisme par lequel Satan
avait tenté de la corrompre, n’eut d’autre résultat que de faire éclater
le contraste entre l’œuvre de l’ennemi et celle de Dieu.
1.
Matthieu 10 :23
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