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Chapiter 12 — La Réforme en France
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le pouvoir que pour les faire servir à la suppression du protestantisme
et au rétablissement de la suprématie papale
En fonction de leur ordre, ils revêtaient une apparence de sain-
teté, visitaient les prisons et les hôpitaux, secouraient les malades et
les pauvres, professaient avoir renoncé au monde et se réclamaient
du nom de ce Jésus qui allait de lieu en lieu en faisant du bien. Mais
cet extérieur irréprochable cachait souvent les desseins les plus noirs
et les plus odieux. L’un des principes fondamentaux de cet ordre était
que “la fin justifie les moyens”. En vertu de ce principe, le mensonge,
le vol, le parjure, le meurtre étaient non seulement pardonnables,
mais méritoires quand ils servaient les intérêts de l’Eglise. Sous des
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déguisements divers, les Jésuites s’insinuaient dans les bureaux de
l’Etat, devenaient conseillers des rois et dirigeaient la politique des
nations. Ils se faisaient serviteurs pour espionner leurs maîtres. Ils
fondaient des collèges pour les fils des princes et des nobles et, pour
le peuple, des écoles, où ils attiraient les enfants de parents protes-
tants, qu’ils accoutumaient à observer les rites de l’Eglise. Toute la
pompe des cérémonies romaines était mise à réquisition pour éblouir
et captiver les imaginations, et il arrivait ainsi que des fils trahissaient
la foi pour laquelle leurs pères avaient souffert. L’ordre des Jésuites
se répandit rapidement dans toutes les parties de l’Europe, et partout
on assistait à une recrudescence du papisme.
Pour ajouter à la puissance des Jésuites, une bulle papale rétablit
l’Inquisition
Malgré l’horreur qu’il inspirait, même dans les pays
catholiques, ce terrible tribunal fonctionna de nouveau sous la direc-
tion des émissaires de Rome, et des atrocités trop odieuses pour être
décrites furent répétées dans ses cachots. Dans plusieurs pays, des
milliers et des milliers d’hommes — la fleur de la nation, purs parmi
les purs, gentilshommes et lettrés, pieux pasteurs et philanthropes,
citoyens industrieux et loyaux patriotes, savants éminents, artistes
distingués et habiles artisans — furent mis à mort ou contraints de
s’enfuir à l’étranger.
Tels étaient les moyens auxquels Rome recourait pour éteindre
la lumière de la Réforme, pour enlever aux hommes la Parole de
Dieu, et pour rétablir le règne de l’ignorance et les superstitions
1. Voir Appendice.
1. Voir Appendice.