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Appendice
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les esprits généreux ne se seraient-ils pas détournés avec dégoût
d’une Eglise qui, tout en se respectant si peu elle-même, maintenait
à toute outrance contre les malheureux protestants les édits persé-
cuteurs de Louis XIV, les traquait comme des bêtes fauves dans les
déserts
où ils allaient rendre à Dieu leur culte, brûlait ou rouait leurs
ministres, entassait leurs adhérents les plus zélés sur les
galères
du roi
, enfouissait dans les cachots d’Aigues-Mortes de pauvres
femmes prises en flagrant délit de prière dans quelque maison isolée
ou au fond des bois ?”
(Histoire moderne, Préludes de la Révolution
,
3e éd., p. 351, 352, 353. G. Bridel, Lausanne.)
“Rien n’est triste comme l’histoire religieuse du dix-huitième
siècle. La piété languit ; la science est nulle, du moins du côté des
défenseurs du christianisme. En Angleterre et en Allemagne, un vent
desséchant souffle sur les cœurs et les esprits. ...
”Et cependant, les attaques de la philosophie sont plus pressantes
et toujours mieux écoutées. Il faut bien y répondre. Le plus souvent,
les répliques ne s’élèvent pas au-dessus d’un indigeste fatras ; si l’on
excepte Duguet et l’abbé Guenée, les champions de la foi ne surent
montrer ni vigueur d’argumentation, ni science solide. Il aurait fallu
d’ailleurs qu’ils pussent dégager la vérité de l’Evangile de tout ce qui
la surchargeait et la rendait haïssable, dans une Eglise privilégiée,
opulente et oppressive. ...
”[Le clergé de] Paris se signale par de déplorables scandales.
Trop souvent il sert une messe à laquelle il ne croit plus ; il porte à
l’autel les parfums du boudoir. La race des abbés galants et libres-
penseurs est nombreuse.” (
L’Eglise et la Révolution française
, par
E. de Pressensé, Paris, 1864, p. 13, 14, 15.)
“La débauche avait jusqu’alors gardé certains voiles ; [sous la
Régence] le cynisme des mœurs, comme celui de la pensée, s’affiche
tout haut. ... Jamais il ne s’était vu telle légèreté de conduite ni telle
licence d’esprit.” (Duruy,
Histoire de France
, 21e édition, tome II,
p. 358.)
Page 293. CRUAUTES COMMISES AU SIECLE POLI DE
LOUIS XIV. — Wylie,
Hist. of Protestantism
, liv. XXII, ch. 7.
Dans un discours prononcé à Paris, le 23 octobre 1885, le pasteur
Eugène Bersier fait allusion au “drame atroce qui se reproduit sur
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tous les points de la France, dans ce siècle qui s’émeut aux vers
mélodieux de Racine, qui savoure les enseignements de la morale