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Appendice
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Rotterdam, où il était pasteur des réfugiés français. Appelé, de son
vivant, “l’illustre Jurieu”, il combattit avec véhémence le régime
persécuteur qui régnait en France, et soutint une longue et âpre
controverse avec Bossuet, Maimbourg, Arnauld, Bayle et autres.
C’est nous qui avons mis les majuscules dans le texte qui pré-
cède.
Trois ans et demi
. (Voir page 308.) — La prophétie annonçait
qu’au bout de
trois ans et demi
— représentés par la période prophé-
tique et symbolique de trois jours et demi — on verrait un revirement
complet se produire. Cet événement se rencontre à la date fixée par
la prophétie, sur les pages de la
Gazette nationale et Moniteur uni-
versel
. La proscription solennelle de tous les cultes avait été rendue
le 30 Brumaire, soit le 20 novembre 1793. Le décret officiel de réha-
bilitation fut rendu par le Corps législatif ou Conseil des Cinq-Cents
[759]
le
17 juin 1797
, soit au bout de
trois ans, six mois
et vingt-huit jours !
Page 298. RESPONSABILITE RESPECTIVE DU TRONE ET
DE L’EGLISE. — Dans le saisissant tableau de Quinet, que nous
reproduisons à la note correspondant à la page 286 (Conséquences
logiques de la persécution en France), cet historien semble faire re-
tomber sur la monarchie, sur le gouvernement civil, la responsabilité
principale desdites persécutions. La vérité exige d’en attribuer la
part principale au clergé de l’Eglise, guidé par la Curie romaine.
La persécution fait partie de son dogme “infaillible”. Mgr Beau-
drillart, évêque d’Himeria et plus tard cardinal, en fait l’aveu avec
une franchise étonnante lorsqu’il écrit :
“En face de l’hérésie, l’Eglise ne se borne pas à persuader ; les
arguments d’ordre intellectuel et moral lui paraissent insuffisants ;
elle a recours à la force, aux châtiments, aux supplices ; elle crée
des tribunaux comme celui de l’Inquisition ; elle invoque les lois
de l’Etat ; au besoin, elle déchaîne la croisade, la guerre sainte, la
guerre de religion ; et toute son “horreur du sang” ne va dans la
pratique qu’à le faire verser par le
bras séculier
, quand il s’y prête,
ce qui est presque plus odieux, parce qu’en apparence moins franc,
que de le verser soi-même. C’est ce qu’elle a fait notamment au
XVIe siècle à l’égard des protestants. Elle ne s’est pas bornée à se
régénérer moralement, à prêcher d’exemple, à convertir les peuples
par d’éloquents et saints missionnaires ; elle a allumé en Italie, aux
Pays-Bas et surtout en Espagne, les bûchers de l’Inquisition ; en