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gardé que 20 000 ; même décadence à Nantes, à Caen, à la Rochelle ;
le Périgord a perdu le tiers de sa population ; l’Anjou, le quart, le
Dauphiné, le huitième.
”En apprenant ces choses, le Roi fut consterné ; Fénelon qui les
connaissait, voyait la monarchie incliner vers l’abîme ; le Conseil
du Roi demanda que l’on consultât les évêques sur la question des
protestants ; le cardinal de Noailles, archevêque de Paris, inclinait
vers la tolérance et rappelait l’exemple de l’Eglise des premiers
siècles ; en dehors de lui l’épiscopat tout entier se prononça dans
un sens contraire, et, tout en avouant que les conversions obtenues
par la force étaient peu de chose, il demanda que l’on continuât
l’emploi de la contrainte en vue de sauver les générations à venir.”
(Quelques Pages de l’Histoire des Huguenots
, par Eugène Bersier,
Paris, Fischbacher, 1891, p. 134, 183.)
“La guerre, la mortalité, les logements et passages continuels des
gens de guerre, la milice, les gros droits, la retraite des huguenots
ont ruiné ce pays. ... Ces mots désolants, dit Duruy, reviennent à
chaque page des mémoires que le roi demandait aux intendants à
l’intention du duc de Bourgogne, son petit-fils, sur la situation de
leurs provinces. ...
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”Les ponts, les chemins sont dans un état déplorable et le com-
merce anéanti. ... Dans la généralité de Rouen, sur 700 000 habitants,
650 000 ont pour lit une botte de paille. Le paysan, dans certaines
provinces, revient à l’état de sauvagerie : vivant le plus souvent
d’herbes et de racines, comme les bêtes ; et farouche comme elles,
il fuit quand on l’approche. “Il n’y a point de nation plus sauvage
que ces peuples”, dit de ses administrés l’intendant de Bourges ; “on
en trouve quelquefois des troupes à la campagne, assis en rond au
milieu d’un champ et toujours loin des chemins ; si l’on approche,
cette bande se dissipe aussitôt.”” (Duruy,
Histoire de France
, tome
II, 21e éd., p. 311.)
“Sous la Régence, dit le même auteur, la noblesse [était] acca-
blée de dettes ; ... les paysans en certaines provinces, manquant de
tout, même de paille pour se coucher ; ceux des frontières passant
à l’étranger ; beaucoup de parties du territoire incultes et désertes.”
(
Idem
, p. 349.)