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La Tragédie des Siècles
Taine cite de nombreux témoignages qui confirment et accen-
tuent ce tableau. (
Ouv. cité
, tome II, p. 200, 24e édition, Hachette,
1920.)
“Quel fut le nombre des exilés, victimes de l’Edit de Révoca-
tion ?” demande D. Bonnefon (dans son
Histoire de l’Eglise)
. Il
répond : “On ne l’a pas encore précisé et peut-être ne le saura-t-on
jamais. L’émigration enleva à la France environ 500 000 protestants,
1 580 pasteurs, 2 300 ouvriers, 1 500 gentilshommes. L’Etat et le
clergé s’emparèrent de dix-sept mille propriétés confisquées à leurs
légitimes possesseurs, chassés du pays de leurs pères. Les consé-
quences de cette émigration furent déplorables pour la France. La
prospérité intérieure fut tout à coup suspendue, car les protestants
avaient à peu près le monopole du commerce et de l’industrie. Par
contre, ils enrichirent les contrées qui leur donnèrent asile, et de-
vinrent les promoteurs de leur prospérité.” (Paris, Bonhours et Cie,
p. 373.)
Parlant du règne de Louis XIV, Calonne l’appelle : “Ce règne
éclatant, où l’Etat s’appauvrissait par des victoires, tandis que le
royaume se dépeuplait par l’intolérance.”
(Idem
.)
“Dans un mémoire portant ce titre,
Pour le rappel des Huguenots
,
présenté à Louvois, au mois d’octobre 1669 [Vauban] constata que le
projet de réunir tous les réformés à l’Eglise catholique, apostolique
et romaine avait échoué et que l’Edit révocatoire, loin de produire les
effets attendus, avait causé [des maux innombrables].” (G. Bonnet-
Maury,
Histoire de la Liberté de Conscience en France
, p. 58.)
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Page 305. SOUFFRANCES DU CLERGE ET DES CATHO-
LIQUES SOUS LA CONVENTION. — Voir l’
Histoire religieuse
de la Révolution française
de Pierre de la Gorce, de l’Académie
française, en cinq volumes (Plon-Nourrit, Paris). Aux volumes II
et III, l’auteur décrit les exodes et les emprisonnements de curés
et d’évêques, cite les églises supprimées, démolies, désaffectées.
A Bordeaux, les catholiques, injuriés, traqués, assaillis, expulsés,
célèbrent leur culte clandestinement et la nuit. L’expulsion antireli-
gieuse est accompagnée de déportation, de massacres et de noyades
de prêtres.
“On calcule qu’au sortir de la Terreur la liste totale des fugitifs
et des bannis contenait plus de cent cinquante mille noms. Il y en
aurait eu davantage, si la frontière n’avait pas été gardée par des