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Devant Anne et devant Caïphe
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céens pouvaient se rencontrer, car tous professaient la plus grande
vénération pour le temple. On finit par trouver deux témoins qui ne
se contredisaient pas autant que leurs prédécesseurs. L’un d’eux, que
l’on avait corrompu à prix d’argent, porta cette accusation : “Cet
homme a dit : Je puis détruire le temple de Dieu et le rebâtir en trois
jours.” C’était altérer les paroles du Christ. Si celles-ci avaient été
rapportées fidèlement, elles n’auraient pas obtenu du sanhédrin une
sentence de condamnation. Si Jésus n’était qu’un homme, comme le
prétendaient les Juifs, une déclaration semblable eût trahi une folle
présomption sans qu’on pût la transformer en un blasphème. Même
sous la forme que lui donnaient les faux témoins, cette parole ne
contenait rien que les Romains pussent considérer comme un crime
digne de mort.
Jésus, sans prononcer une seule parole pour sa défense, écoutait
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patiemment ces fausses dépositions. A la fin, ses accusateurs, em-
barrassés, confondus, devinrent furieux. Le procès n’avançait pas :
leur complot paraissait sur le point d’échouer. A Caïphe, désespéré,
il ne restait plus qu’une ressource : obliger le Christ à se condamner
lui-même. Le grand prêtre se leva de son siège, le visage décom-
posé par la passion ; sa voix et son maintien montraient assez qu’il
aurait volontiers abattu le prisonnier qui se tenait devant lui. “Ne
réponds-tu rien ? s’écria-t-il. Qu’est-ce que ces gens déposent contre
toi ?”
Jésus garda le silence. “Il est maltraité et il s’humilie : il n’ouvre
point la bouche. Comme l’agneau qu’on mène à la boucherie, comme
la brebis muette devant ceux qui la tondent, il n’a pas ouvert la
bouche
Alors Caïphe, levant vers le ciel la main droite, s’adressa à Jésus
avec la plus grande solennité : “Je t’adjure, par le Dieu vivant, de
nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu.”
Devant un tel appel, le Christ ne pouvait plus se taire. S’il y a
un temps pour se taire, il y a aussi un temps pour parler. Il n’avait
pas parlé tant qu’il n’avait pas été pris à partie directement. Il savait
qu’une réponse donnée maintenant rendrait sa mort certaine. Mais
l’appel venant de la plus haute autorité reconnue par la nation, et fait
au nom du Très-Haut, le Christ ne voulut pas manquer au respect dû à
3.
Ésaïe 53 :7
.