Au repas de noces
119
de pourvoir aux besoins. Mais Jésus répondit : “Femme, que veux-tu
de moi ? Mon heure n’est pas encore venue.”
Cette réponse, qui peut nous paraître un peu rude, n’exprimait ni
froideur, ni manque de courtoisie. Le langage que le Sauveur tint à
sa mère était parfaitement en accord avec les coutumes orientales.
On se servait des mêmes expressions pour s’adresser à des personnes
auxquelles on témoignait le plus grand respect. Tous les actes de la
vie terrestre du Christ ont d’ailleurs été en harmonie avec le précepte
qu’il avait donné lui-même : “Honore ton père et ta mère
” Sur la
croix, accomplissant un dernier acte de tendresse envers sa mère,
Jésus s’adressa à elle dans les mêmes termes en la remettant aux
soins de son disciple bien-aimé. A la fête de noces et plus tard, sur
la croix, l’affection, que Jésus exprimait par le ton, le regard et le
geste, servait à interpréter ses paroles.
Au temps de son enfance, lors de sa visite au temple, à l’heure
où le mystère de sa carrière s’ouvrit devant lui, Jésus avait dit à
ses parents : “Ne saviez-vous pas qu’il faut que je m’occupe des
affaires de mon Père
?” Ces paroles étaient le programme de sa vie
entière et de son ministère. Tout était subordonné à son œuvre, cette
grande œuvre de rédemption qu’il venait accomplir dans le monde.
Il répétait aujourd’hui cette leçon. Marie était en danger de croire
que sa maternité lui donnait un droit particulier sur Jésus, celui de
le diriger, jusqu’à un certain point, dans sa mission. Jusqu’à l’âge
de trente ans il était resté, pour elle, un fils aimant et obéissant. Son
amour n’a pas changé, mais il doit maintenant s’occuper des affaires
de son Père. Aucun lien terrestre ne peut distraire de sa mission le
Fils du Très-Haut ou influencer la conduite du Sauveur du monde.
Il lui faut toute sa liberté pour accomplir la volonté de Dieu. C’est
[130]
un enseignement pour nous : les droits de Dieu priment même les
liens de la parenté. Aucun attrait humain ne doit nous détourner du
sentier dans lequel il nous invite à marcher.
L’unique espoir de rédemption pour la race déchue réside en
Christ ; Marie elle-même ne pouvait trouver le salut qu’en l’Agneau
de Dieu. Elle n’avait aucun mérite à faire valoir. Sa parenté avec
Jésus n’affectait pas plus sa relation spirituelle avec lui qu’avec tout
3.
Exode 20 :12
.
4.
Luc 2 :49
.