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Chapiter 7 — Luther se sépare de Rome
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moine ni professeur, mais héraut autorisé des Livres saints. Appelé
à être berger du troupeau de Dieu, d’un troupeau ayant faim et soif
de vérité, le nouveau docteur déclarait hautement que le chrétien
ne peut recevoir d’autre doctrine que celle qui repose sur les Ecrits
sacrés. Cette affirmation sapait la suprématie du pape. Elle contenait
le principe vital de la réforme.
Voyant combien il est dangereux d’accorder plus de crédit aux
théories humaines qu’à la Parole de Dieu, Luther attaquait hardi-
ment l’incrédulité spéculative des savants, et combattait à la fois
la philosophie et la théologie qui, en Europe, dominaient les es-
prits. Il dénonçait ces études non seulement comme inutiles, mais
comme pernicieuses, et s’efforçait de détourner ses auditeurs des
sophismes des docteurs pour attirer leur attention sur les vérités
éternelles exposées par les prophètes et les apôtres.
Les foules suspendues aux lèvres du jeune docteur entendaient un
message d’une douceur inconnue. Jamais de telles paroles n’avaient
encore frappé leurs oreilles. L’heureuse nouvelle de l’amour d’un
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Sauveur, l’assurance du pardon et de la paix par la foi en son sang
expiatoire réjouissaient les cœurs et y versaient une espérance im-
mortelle. La lumière qui brillait à Wittenberg devait rayonner jus-
qu’aux extrémités de la terre, et son éclat s’intensifier jusqu’à la fin
des temps.
Comme le conflit entre la lumière et les ténèbres est irréductible,
ainsi il n’y a pas d’entente possible entre la vérité et l’erreur. Procla-
mer, établir l’une, c’est attaquer et renverser l’autre. Notre Sauveur
a dit lui-même : “Je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée
Au début de la Réforme, Luther disait : “Dieu ne me conduit pas ;
il me pousse, il m’enlève. Je ne suis pas maître de moi-même. Je
voudrais vivre dans le repos ; mais je suis précipité au milieu du
tumulte et des révolutions.” Il allait maintenant être jeté dans l’arène.
L’Eglise romaine avait fait trafic de la grâce de Dieu. Les tables
des changeurs
s’étaient dressées auprès des autels, et l’air retentis-
sait des éclats de voix des vendeurs et des acheteurs. Sous prétexte
de réunir des fonds en vue de l’érection de la basilique de St-Pierre,
à Rome, le pape avait ordonné la vente publique des indulgences.
1.
Matthieu 10 :34
.
2.
Matthieu 21 :12
.