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Chapiter 7 — Luther se sépare de Rome
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qui exige la conversion, la foi et une lutte persévérante contre le
péché
La doctrine des indulgences trouva cependant des contradicteurs
dans l’Eglise romaine : c’étaient des hommes savants et pieux qui
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n’accordaient aucune confiance à des prétentions aussi contraires
à la raison et à l’Ecriture. Mais aucun prélat n’osait élever la voix
contre cet odieux trafic. Le malaise commençant à se faire sentir,
plusieurs se demandaient avec angoisse si Dieu ne susciterait pas
quelque instrument pour purifier son Eglise.
Bien que Luther fût encore un fervent papiste, il était rempli
d’horreur à l’ouïe des déclarations blasphématoires des marchands
d’indulgences. Plusieurs de ses auditeurs, qui avaient acheté des cer-
tificats de pardon, vinrent bientôt lui confesser leurs divers péchés, et
lui en demander l’absolution, non pas qu’ils en eussent des remords
sincères, mais uniquement en vertu de leurs indulgences. Luther
la leur refusa, et leur déclara tout net que sans repentance et sans
conversion, ils périraient dans leurs péchés. Très perplexes, ces gens
se hâtèrent de retourner vers Tetzel pour l’informer qu’un moine
augustin ne faisait aucun cas de ses lettres de pardon. Quelques-uns
même demandaient hardiment le remboursement de leur argent. A
cette nouvelle, Tetzel rugit de colère, et se livra en chaire à de ter-
ribles imprécations. A plusieurs reprises, il fit allumer un feu sur la
grande place, en déclarant qu’il avait reçu du pape l’ordre de brû-
ler tous les hérétiques qui oseraient s’élever contre ses très saintes
indulgences.
Luther entra alors résolument dans la lice comme champion de la
vérité. Montant en chaire, il fit entendre de solennels avertissements.
Mettant en relief la nature odieuse du péché, il affirma qu’il est im-
possible à l’homme, par ses propres efforts, d’atténuer sa culpabilité
ou d’éluder le châtiment de Dieu. Seules la repentance et la foi en
Jésus-Christ peuvent sauver le pécheur. La grâce, don gratuit de
Dieu, ne s’obtenant pas à prix d’argent, Luther conseillait à ses au-
diteurs, non d’acheter des indulgences, mais de compter avec foi sur
un Sauveur crucifié. Relatant sa douloureuse recherche du salut par
les humiliations et les pénitences, il les assura qu’il n’avait trouvé
paix et joie qu’en détachant ses regards de ses propres mérites, pour
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2. Voir Appendice.