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Chapiter 8 — Luther à la diète de Worms
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de la lumière qui a brillé sur leur sentier et de celle que la Parole de
Dieu fait jaillir sur le nôtre.
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Parlant des Juifs incrédules, Jésus disait : “Si je n’étais pas venu
et que je ne leur eusse point parlé, ils n’auraient pas de péché ; mais
maintenant ils n’ont aucune excuse de leur péché
” Ces mêmes
paroles étaient adressées par Luther à l’empereur et aux princes
d’Allemagne. Pendant qu’elles retentissaient, l’Esprit de Dieu plai-
dait pour la dernière fois avec plusieurs membres de l’assemblée.
Comme Pilate qui, plusieurs siècles auparavant, avait permis à l’or-
gueil et à l’ambition de fermer son cœur aux paroles du Rédempteur
du monde ; comme Félix qui, tremblant de peur, avait répondu au
messager de la vérité : “Pour le moment retire-toi ; quand j’en trou-
verai l’occasion, je te rappellerai” ; comme l’orgueilleux Agrippa,
qui avait dit : “Tu vas bientôt me persuader de devenir chrétien
, et
s’était détourné pourtant du message céleste — de même Charles
Quint rejeta la lumière de la vérité pour suivre les conseils de la
politique et du respect humain.
La rumeur de ce qui se tramait contre Luther se répandait au-
dehors et mettait la ville en effervescence. Le réformateur s’était fait
nombre d’amis qui connaissaient la cruauté de Rome envers ceux
qui osaient dévoiler ses abus. Des centaines de nobles s’engageaient
à le protéger. Plusieurs dénonçaient ouvertement le message royal
comme une couardise devant le clergé. Sur les portes des maisons
et dans les lieux publics, s’affichaient des écriteaux pour et contre
Luther. L’un portait simplement ces paroles du Sage : “Malheur
à toi, pays, dont le roi est un enfant.” L’enthousiasme populaire
soulevé dans toutes les parties de l’Allemagne en faveur de Luther
convainquit l’empereur et la diète que toute injustice faite à ce moine
courageux menacerait non seulement la paix, mais aussi la sécurité
du trône.
Frédéric de Saxe observait une sage réserve. Dissimulant avec
soin ses vrais sentiments à l’égard du réformateur, il veillait sur
lui avec une infatigable vigilance, surveillant tous ses mouvements,
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aussi bien que ceux de ses ennemis. Mais de nombreux personnages
ne cachaient pas leur sympathie pour Luther. Princes, comtes, barons
1.
Jean 15 :22
.
2.
Actes 24 :25 ; 26 :28
.