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La Tragédie des Siècles
Allemagne. Farel, rentré en Dauphiné, porta la Parole de vie à Gap
et dans les environs, où il avait passé son enfance. On y avait déjà
appris ce qui se passait à Meaux, et les vérités que le réformateur
annonçait avec une grande hardiesse trouvèrent des auditeurs. Mais,
bientôt, les autorités s’émurent et le bannirent de la ville. Ne pouvant
plus travailler publiquement, il parcourait les plaines et les villages,
enseignant dans les maisons particulières. “Et s’il y courait quelque
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danger, ces forêts, ces grottes, ces rochers escarpés qu’il avait si
souvent parcourus dans sa jeunesse ... lui offraient un asile.” Dieu
le préparait en vue de plus grandes épreuves. Les “croix, les persé-
cutions, les machinations de Satan que l’on m’annonçait ne m’ont
pas manqué, dit-il ; elles sont même beaucoup plus fortes que de
moi-même je n’eusse pu les supporter ; mais Dieu est mon Père, il
m’a fourni et me fournira toujours les forces dont j’ai besoin”.
Comme aux jours apostoliques, la persécution avait “plutôt
contribué aux progrès de l’Evangile
. Chassés de Paris et de Meaux,
“ceux qui avaient été dispersés allaient de lieu en lieu, annonçant la
bonne nouvelle de la parole
. C’est ainsi que la lumière fut portée
dans les provinces les plus reculées de France.
Mais Dieu préparait d’autres ouvriers pour sa cause. Dans une
des écoles de Paris, un jeune homme calme et réfléchi, doué d’un
esprit pénétrant, se faisait remarquer par la pureté de ses mœurs,
par son ardeur à l’étude et par sa piété. C’était Jean Calvin. Ses
talents et son application ne tardèrent pas à faire de lui l’honneur du
collège de la Marche, et ses supérieurs se flattaient de l’espoir qu’il
deviendrait l’un des plus distingués défenseurs de l’Eglise. Mais
un rayon de lumière illumina la profondeur des ténèbres répandues
par la scolastique et la superstition dans l’esprit du jeune homme. Il
avait entendu, non sans effroi, parler de la nouvelle doctrine et ne
doutait pas que les hérétiques n’eussent largement mérité le bûcher
sur lequel on les faisait monter. Sans le vouloir, il fut mis face à face
avec l’hérésie et se vit contraint de confronter la théologie romaine
avec l’enseignement protestant.
Calvin avait à Paris un cousin — connu sous le nom d’Olivétan
— qui avait accepté la Réforme. Les deux jeunes gens se rencon-
[233]
1.
Philippiens 1 :12
.
2.
Actes 8 :4
.