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Chapiter 12 — La Réforme en France
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statuts et les principes du ciel. Dieu avait dit : “Vous les observerez
et vous les mettrez en pratique ; car ce sera là votre sagesse et votre
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intelligence aux yeux des peuples, qui entendront parler de toutes
ces lois et qui diront : Cette grande nation est un peuple absolument
sage et intelligent
!” En rejetant le don du ciel, la France répandait
des semences d’anarchie et de ruine dont la moisson inévitable fut
récoltée sous la Révolution et le règne de la Terreur.
Longtemps avant la persécution provoquée par les placards, l’in-
trépide et ardent Farel avait été obligé de quitter le pays de sa nais-
sance. Il s’était retiré en Suisse où, secondant Zwingle dans ses
travaux, il contribua à faire triompher la Réforme. C’est à ce pays
qu’il devait consacrer les dernières années de sa vie. Il continua,
toutefois, à exercer une influence décisive sur la Réforme en France.
Pendant les premières années de son exil, il consacra beaucoup de
temps à évangéliser ses compatriotes du Jura d’où, avec une inlas-
sable vigilance, il surveillait le conflit qui sévissait dans son pays
natal, prodiguant ses paroles d’exhortation et ses conseils. Grâce
à ses encouragements et au concours d’autres exilés, les écrits des
réformateurs allemands aussi bien que l’Ecriture sainte étaient tra-
duits en français et imprimés à grands tirages. Ces ouvrages furent
largement répandus en France par des colporteurs — auxquels ils
étaient cédés à bas prix — ce qui leur donnait la possibilité de vivre
du produit de leurs ventes et de poursuivre leur œuvre.
Farel avait commencé sa mission en Suisse en exerçant l’humble
fonction de maître d’école, se vouant à l’éducation des enfants dans
une paroisse isolée. Afin d’atteindre les parents, il ajoutait prudem-
ment aux branches ordinaires l’enseignement des saintes Ecritures
Quelques-uns ayant reçu la Parole, les prêtres intervinrent et sou-
levèrent contre le réformateur les campagnards superstitieux. “Ce
ne peut être l’Evangile du Christ, disaient les prêtres, puisque sa
prédication amène non la paix, mais la guerre.” Comme les disciples
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de Jésus, lorsqu’il était persécuté en un lieu, Farel fuyait dans un
autre, allant de village en village et de ville en ville, voyageant à
pied, exposé au froid, à la faim, à la fatigue. Partout en danger de
mort, il prêchait sur les places de marché, dans les églises et, à l’oc-
casion, dans la chaire des cathédrales. Il lui arrivait de se trouver sans
1.
Deutéronome 4 :6
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