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Chapiter 12 — La Réforme en France
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Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu est plus
forte que les hommes
Froment — c’était le nom du jeune homme — se mit à l’œuvre
comme maître d’école. Les vérités enseignées par lui en classe
étaient répétées à la maison par les enfants. Bientôt, les parents
vinrent aussi pour entendre exposer les saintes Ecritures, et la salle
d’école ne tarda pas à être trop petite pour contenir les auditeurs
attentifs qui s’y pressaient. De nombreux traités et Nouveaux Tes-
taments furent distribués et lus par bien des gens qui n’eussent pas
osé écouter un exposé public des nouvelles doctrines. Au bout de
quelque temps, Froment fut aussi obligé de s’enfuir ; mais les vérités
qu’il avait enseignées avaient gagné les cœurs. Une fois implantée, la
Réforme continua de se fortifier et de s’étendre. Les prédicateurs re-
vinrent, et, grâce à leurs travaux, le culte protestant finit par s’établir
à Genève.
La ville s’était déclarée pour la Réforme lorsque Calvin, après
bien des voyages, entra dans ses murs. Revenant d’une visite dans
son pays natal, il se rendait à Bâle pour y poursuivre ses études ;
mais, trouvant la route barrée par les troupes de Charles Quint, il fut
obligé de faire un détour qui l’amena à passer par Genève.
Farel reconnut la main de Dieu dans cette visite. Genève avait
accepté la Réforme, mais une grande œuvre y restait à faire. Ce n’est
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point par collectivités, mais individuellement que l’on se convertit à
Dieu. C’est par le Saint-Esprit et non par les décrets des Chambres
législatives que l’œuvre de la régénération doit s’accomplir dans
les cœurs et les consciences. Les Genevois avaient brisé le joug de
Rome, mais ils se montraient moins empressés à rompre avec les
vices qui avaient fleuri sous sa domination. Etablir dans cette ville
les principes du pur Evangile et préparer sa population à remplir
dignement le rôle auquel elle paraissait appelée, ce n’était pas une
tâche aisée.
Farel fut convaincu d’avoir trouvé en Calvin l’homme qu’il de-
vait s’adjoindre en vue d’une telle œuvre. Au nom de Dieu, il adjura
solennellement le jeune évangéliste de rester dans cette ville pour
en faire son champ de travail. Calvin, effrayé, hésitait. Timide et
ami de la paix, il redoutait d’entrer en conflit avec l’esprit hardi,
2.
1 Corinthiens 1 :27, 25
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