Page 228 - La Trag

Basic HTML Version

224
La Tragédie des Siècles
une forme humaine, écarta la foule et conduisit le serviteur de Dieu
en lieu sûr.
Voici comment Wesley raconte la manière dont il fut arraché à
une meute de forcenés qui le poursuivaient : “Plusieurs tentèrent de
me précipiter sur le raidillon d’une colline, en se disant sans doute
que, si j’étais jeté à terre, il y avait peu de chance que je me relevasse.
Mais je ne fis ni un faux pas, ni la moindre glissade, jusqu’à ce que
je me trouvasse hors de leur atteinte. ... Quelques-uns voulurent en
vain me saisir par le col ou par mes vêtements pour me jeter à terre,
[278]
un homme seulement arriva à s’emparer du pan de mon habit, qui ne
tarda pas à lui rester dans la main, tandis que l’autre pan, dans lequel
se trouvait un billet de banque, ne fut qu’à moitié déchiré. ... Un
robuste garnement qui se trouvait derrière moi brandit à plusieurs
reprises un fort gourdin de chêne au-dessus de ma tête ; s’il m’en
avait asséné un seul coup, c’en eût été fait de moi. Mais chaque
fois, comme je ne pouvais aller ni à droite ni à gauche, le coup était
mystérieusement détourné. ... Un autre fendit la foule, le poing levé
sur moi ; mais il le laissa retomber, me caressa la tête et se contenta
de dire : “Comme il a les cheveux fins !””
Wesley ajoute : “Les premiers dont les cœurs furent touchés
étaient les bandits de la ville, toujours prêts à faire un mauvais
coup ; l’un d’eux avait été boxeur de profession dans les jardins-
brasseries. ... Avec quelle tendre sollicitude le Seigneur nous prépare
insensiblement à faire sa volonté ! Il y a deux ans, un morceau de
brique effleura mon épaule. L’année suivante, une pierre me frappa
entre les yeux. Le mois dernier, j’ai reçu un coup, et deux ce soir :
un avant d’entrer en ville et l’autre après en être sorti ; mais je n’ai
ressenti ni l’un ni l’autre. Le premier agresseur m’a frappé de toutes
ses forces en pleine poitrine ; l’autre sur la bouche, avec tant de
violence que le sang a jailli ; néanmoins, ces coups ne m’ont pas fait
plus mal que si j’avais été touché avec une paille
Les méthodistes de ce temps-là — prédicateurs et fidèles —
étaient en butte à la moquerie et à la persécution aussi bien de la part
des membres de l’Eglise établie que de celle des incrédules poussés
par la calomnie. Souvent brutalisés, ils étaient traînés devant les
tribunaux, où la justice, rare à cette époque, n’existait que de nom. La
1.
Wesley’s Works 3 :297, 298
.