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La Tragédie des Siècles
Fils de David, aie pitié de moi”, et il continua jusqu’à ce que sa voix
se fût éteinte pour toujours.
Ses ennemis eux-mêmes furent frappés de son héroïsme. Un
zélé partisan du pape, décrivant le martyre de Hus et de Jérôme,
qui mourut peu après, a écrit : “Tous deux se montrèrent fermes
à l’approche de leur dernière heure. Ils se préparèrent pour le feu
comme ils l’auraient fait pour assister à une noce. Ils ne firent pas
entendre un seul cri de douleur. Quand les flammes s’élevèrent, ils
se mirent à chanter des cantiques, et c’est à peine si l’ardeur du feu
réussit à arrêter leur chant
Dès que le corps de Hus fut entièrement consumé, on recueillit
ses cendres, et on les jeta dans le Rhin qui les charria dans l’océan.
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En vain ses ennemis crurent avoir extirpé les vérités qu’il avait
prêchées ; ils ne se doutaient pas que ces cendres perdues dans la
mer seraient semblables à une semence qui se répandrait dans tous
les pays de la terre et produirait dans des contrées encore inconnues
des fruits abondants à la gloire de la vérité. La voix courageuse qui
s’était fait entendre dans les salles du concile de Constance allait
éveiller des échos dans tous les siècles suivants. Hus n’était plus,
mais les vérités pour lesquelles il était mort ne pouvaient périr. Son
exemple de foi et de constance devait encourager des multitudes
à tenir ferme pour la vérité en face des tortures et de la mort. Son
exécution avait dévoilé la perfide cruauté de Rome aux yeux du
monde entier. Inconsciemment, les ennemis de la vérité avaient
contribué au progrès de la cause qu’ils désiraient détruire.
Un second bûcher devait se dresser à Constance. Un autre témoin
allait déposer en faveur de l’Evangile. En faisant ses adieux à Hus,
avant son départ pour le concile, Jérôme l’avait exhorté à la fermeté et
au courage, lui promettant de voler à son secours au cas où il courrait
quelque danger. Dès qu’il apprit l’arrestation de son ami, le fidèle
disciple s’acquitta de sa promesse. Sans aucun sauf-conduit, escorté
d’un seul compagnon, il se mit en route pour Constance. Arrivé dans
cette ville, il se rendit compte de l’impossibilité dans laquelle il se
trouvait de porter secours à Hus et du danger qu’il courait. Il s’enfuit
aussitôt, mais il fut rejoint, arrêté et ramené, chargé de chaînes, sous
bonne garde. Lors de sa première comparution, ses tentatives pour se
3. Wylie, liv. III, chap. VII.